Emploi ou travail ? Et si on s’était trompés de combat

Pourquoi se lever le matin ne suffit plus – il faut que cela ait un sens

On parle souvent d’emploi et de travail comme s’ils étaient synonymes. Mais pour le philosophe Bernard Stiegler, cette confusion est lourde de conséquences. Dans son ouvrage provocateur L’emploi est mort, vive le travail !, il affirme que nous avons sacrifié le travail vivant sur l’autel de l’emploi standardisé.

Emploi ≠ Travail

Pour Stiegler, l’emploi est une structure sociale : c’est ce qui donne un salaire, un statut, du pouvoir d’achat.
Mais le travail, c’est tout autre chose : c’est l’acte créatif par lequel on apprend, on transmet, on transforme. Il mobilise nos savoir-faire, nos intelligences, notre singularité. Il a une valeur existentielle.

Il résume cette distinction en des termes puissants :
👉 Le travail est néguentropique – il produit de la nouveauté, de la complexité, de l’imprévu.
👉 L’emploi est devenu entropique – il répète, standardise, vide de sens.

Aujourd’hui, selon Stiegler, l’emploi appauvrit, car il ne fait plus appel à notre intelligence ni à notre créativité. Il nous prolétarise, c’est-à-dire qu’il nous dépouille de nos savoirs et de notre autonomie.

Le travail qui épanouit est celui qui transforme

Ce que Stiegler nous dit en creux, c’est que le travail n’est pas simplement ce qui permet de survivre, mais ce qui permet de se construire, de s’élever, de créer. Et que l’emploi sans travail – c’est-à-dire sans savoir, sans transformation, sans effet visible – rend malade.

Cette idée rejoint parfaitement l’analyse d’un autre penseur essentiel : David Graeber, anthropologue et militant, auteur du livre-choc Bullshit Jobs (article à suivre).

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