Psychiatrie métabolique : agir sur le corps pour soigner l’esprit

Qu’est-ce que la psychiatrie métabolique ?

La psychiatrie métabolique est une approche émergente qui considère la santé mentale comme étroitement liée au métabolisme.
Elle part d’un constat : de nombreux troubles psychiques s’accompagnent de dérèglements corporels comme l’insulinorésistance, l’inflammation chronique ou les troubles du sommeil.
Agir sur ces leviers peut réduire les symptômes et améliorer la qualité de vie.

Pourquoi le métabolisme influence-t-il le cerveau ?

Le sucre et l’insuline

Quand les cellules deviennent moins sensibles à l’insuline, l’énergie disponible pour le cerveau diminue. Cela peut influencer l’humeur et la motivation.

Les mitochondries, centrales énergétiques du cerveau

Les mitochondries produisent l’ATP, l’énergie cellulaire. S’il y a un déficit, la fatigue mentale et les troubles cognitifs peuvent s’aggraver.

L’inflammation chronique

Un système immunitaire en alerte constante libère des molécules qui perturbent la communication neuronale.

L’axe intestin-cerveau

Le microbiote intestinal influence la production de neurotransmetteurs et régule l’inflammation.

Le sommeil et les rythmes circadiens

Un mauvais sommeil ou un rythme décalé perturbe les hormones et la régulation émotionnelle.

Les interventions qui font la différence

1. L’alimentation méditerranéenne

Riche en légumes, fruits, légumineuses, noix, huile d’olive et poissons gras, elle réduit l’inflammation et améliore la santé métabolique.
📌 Étude SMILES : amélioration significative des symptômes dépressifs après 12 semaines.

2. L’activité physique

150 minutes d’exercice modéré par semaine + 2 séances de renforcement musculaire.
Effets prouvés sur la dépression, l’anxiété et la cognition.

3. Le sommeil réparateur

Heures de lever et coucher régulières, lumière naturelle le matin, limitation des écrans le soir.

4. Les oméga-3 (EPA)

1 à 1,5 g/jour peut aider dans certaines dépressions, surtout en cas d’inflammation.

5. La N-acétylcystéine (NAC)

Adjuvant possible, surtout dans les troubles bipolaires (sous supervision médicale).

6. Le régime cétogène thérapeutique

Intéressant dans certains cas résistants, mais toujours encadré médicalement.

Comment intégrer ces leviers pas à pas

Étape 1 – Évaluer

Poids, tour de taille, tension artérielle, glycémie, sommeil, habitudes alimentaires.

Étape 2 – Commencer simple

Adopter un repas méditerranéen par jour, ajouter une marche de 20 minutes, améliorer l’hygiène de sommeil.

Étape 3 – Ajuster

Introduire progressivement l’activité physique, enrichir le régime en oméga-3, travailler le microbiote.

Étape 4 – Personnaliser

Adapter selon les objectifs, les traitements et les éventuelles pathologies.

Précautions et limites

  • Toujours en complément, pas en remplacement, du traitement prescrit.
  • Certains régimes et compléments nécessitent un suivi médical.
  • Les changements doivent être progressifs pour tenir dans le temps.

À retenir

  • Le corps et l’esprit sont intimement liés.
  • Améliorer le métabolisme aide le cerveau à mieux fonctionner.
  • Les piliers : alimentation, activité physique, sommeil, gestion de l’inflammation.
  • Les résultats demandent constance et adaptation.

La psychiatrie métabolique expliquée par Dr Florence DUFOURNET

Et si tenir un carnet pouvait changer votre vie ?

Clarté mentale, transformation personnelle et puissance de l’écrit au quotidien

Dans une époque saturée d’informations, de distractions numériques et de charges mentales invisibles, un geste simple peut faire toute la différence : tenir un carnet.

Pas un journal intime d’adolescent. Un carnet de vie stratégique. Un outil d’auto-régulation, d’alignement, de lucidité. Que vous cherchiez à retrouver du sens, à améliorer votre santé, à vous organiser ou simplement à vous sentir mieux… écrire peut littéralement changer votre trajectoire.

Voici pourquoi — et comment.

1. Un carnet, c’est un cerveau externe (et fidèle)

Votre cerveau est une machine à traiter l’information, pas à la stocker. Lorsque vous notez, vous déchargez votre mémoire de travail et clarifiez vos pensées.

2. Un miroir lucide de soi-même

Écrire, c’est se regarder penser. C’est observer ses émotions, ses réactions, ses cycles, ses contradictions — sans se juger. C’est apprendre à penser sur soi-même, ce qu’on appelle la métacognition.

Vous prenez de meilleures décisions. Vous sortez des boucles automatiques.
Vous devenez acteur de votre vie, pas simple spectateur.

3. Un laboratoire de transformation concrète

Tenir un carnet n’est pas une activité contemplative. C’est un levier de changement mesurable :

  • Vous y planifiez vos objectifs (perte de poids, activité physique, sommeil, alimentation)
  • Vous y suivez vos progrès (mensurations, humeur, énergie, répétitions, focus)
  • Vous y programmez vos actions clés de demain

Vous ne vous réveillez plus en panique. Vous savez où commencer.
Vous ne doutez plus de vos progrès : vous les voyez.

4. Un GPS intérieur dans le chaos quotidien

Dans un monde surchargé d’urgences, votre carnet devient votre boussole mentale. Vous y inscrivez :

5. Un métaboliseur d’expérience

Le vécu brut ne transforme pas. Il faut le digérer, l’élaborer, le relire.
Le carnet est cette interface intime entre ce que vous vivez et ce que vous en faites.

Vous transformez vos échecs en leçons, vos émotions en clarté, votre confusion en vision.
Vous commencez à comprendre votre histoire… et à en devenir l’auteur.

6. Un renforcement identitaire progressif

En vous relisant, vous redécouvrez ce que vous avez accompli. Ce qui, sur le moment, semblait insignifiant, devient un marqueur fort de changement.

Vous ne vous dites plus « je veux changer »,
Vous commencez à penser : « je suis en train de devenir cette version de moi-même. »

Comment tenir un carnet qui change vraiment les choses ?

Chaque soir (10 min) :

  • 🧠 Ce que j’ai appris ou réussi aujourd’hui
  • 🌡 Humeur / Énergie / Focus (1 à 10)
  • 💬 Auto-coaching : Ce que je retiens / Ce que j’ajuste demain
  • 📅 Prévision du lendemain (3 actions)

Chaque matin (5 min) :

  • 🌞 Mon intention principale du jour
  • ✅ Relire les 3 actions prioritaires (notées la veille)
  • 🔁 Routine (checklist : sport, eau, alimentation, repos…)

Chaque dimanche (20-30 min) :

  • 📊 Bilan hebdomadaire : ce qui a marché, ce qui coince
  • 🎯 Objectif hebdo : un focus physique, mental, pro ou relationnel
  • 📏 Données physiques (facultatif : poids, mensurations, entraînement…)
  • 🧭 Réflexion d’alignement : est-ce que je vis ce que je veux vraiment vivre ?

En résumé : le carnet, c’est…

Fonction psychologiqueEffet concret dans votre vie
Décharge mentaleMoins de stress, plus de clarté
Observation de soiMoins de réactions, plus de maîtrise
Suivi du progrèsPlus de motivation, plus de résultats
Programmation des actionsMoins de procrastination, plus d’impact
Renforcement de l’identitéPlus de confiance, plus de cohérence

Les GEM : quand participation rime avec transformation

On parle beaucoup d’inclusion. On parle aussi de participation. Mais concrètement, où cela se passe-t-il vraiment ? Où observe-t-on des dynamiques capables de transformer à la fois les individus et le collectif ?

Un exemple très éclairant : les Groupes d’Entraide Mutuelle (GEM). Ces structures associatives, pensées pour et avec des personnes en situation de handicap psychique, incarnent une forme de démocratie du quotidien. Et surtout : elles fonctionnent.

Une racine politique et soignante

Marielle Valran, docteure en sciences de l’éducation, a mené une enquête ethnographique passionnante sur le fonctionnement d’un GEM. Elle y montre que ces lieux ne tombent pas du ciel : ils s’inscrivent dans une longue histoire, héritée de la psychothérapie institutionnelle (Tosquelles, Oury) et des mouvements critiques de la psychiatrie (comme l’antipsychiatrie de Laing ou Basaglia). Ces courants avaient déjà une idée forte : redonner aux patients une place d’acteurs dans la cité.

Leur outil principal ? Le collectif. Clubs thérapeutiques hier, GEM aujourd’hui.

Et ce n’est pas un hasard si les GEM ont été reconnus par la loi de 2005 comme dispositifs légitimes de participation : ils portent en eux une vision du soin fondée sur la citoyenneté, pas sur l’isolement.

L’envie de servir, pas juste d’être aidé

Ce que montre l’enquête de Marielle Valran, c’est que les motivations à rejoindre un GEM sont diverses. Certains y viennent d’abord dans une perspective thérapeutique, un peu perdus sur le rôle réel de la structure. Mais d’autres y viennent pour une raison plus puissante encore : le désir de se rendre utile.

Un membre du GEM lui confie :

« On se rend utile, les personnes nous rendent utiles. »

Cette quête d’utilité n’est pas anodine : elle renverse la logique d’assistance. Elle montre que beaucoup ne cherchent pas à être pris en charge, mais à retrouver une fonction dans le monde.

Et cette implication est parfois si forte qu’elle s’apparente à un véritable travail à plein temps. Certains membres finissent par rejoindre le bureau de l’association, organisent des activités, assurent la continuité du projet. Leur langage, d’ailleurs, est parlant : ils utilisent spontanément le vocabulaire du monde professionnel.

Mais pourquoi cela ne débouche-t-il pas sur un emploi ?

C’est l’un des paradoxes soulignés par l’auteure : bien que l’engagement dans un GEM soit parfois aussi exigeant et structurant qu’un emploi, il n’est que très rarement considéré comme un tremplin vers le travail salarié.

Doit-on s’en plaindre ? Pas forcément.

Certaines personnes trouvent dans cette activité bénévole un équilibre qu’elles n’avaient jamais atteint dans l’emploi classique. L’un des membres du GEM de Marmande en témoigne : il a trouvé, dans cette implication non rémunérée, un épanouissement bien plus fort que dans sa carrière passée.

Là encore, la clé semble résider dans deux leviers fondamentaux :

  • Le sentiment d’utilité
  • La reconnaissance d’une participation pleine et entière

Une dynamique à double sens

Ce que Marielle Valran décrit comme un « double processus transactionnel » est peut-être l’un des apports les plus subtils de son travail. Car dans un GEM :

  • l’individu transforme l’association,
  • l’association transforme l’individu,
  • et ensemble, ils influencent le tissu social.

La participation devient un mouvement vivant, réciproque, dynamique. Elle n’est pas imposée d’en haut, elle émerge de la relation entre pairs, dans l’horizontalité.

Et c’est sans doute pour cela que ce modèle fonctionne : parce qu’il ne parle pas d’inclusion en théorie, mais qu’il la met en œuvre au quotidien, sans faux-semblants.

Vers une synthèse ambitieuse : le modèle CEISP

Ce double levier – participation réelle et sentiment d’utilité – est aussi au cœur d’un autre dispositif innovant : le CEISP (Collectif d’Entraide et d’Insertion Sociale et Professionnelle), inspiré des Clubhouses, qui pousse encore plus loin la logique des GEM en la structurant comme un écosystème de réhabilitation psychosociale, avec une ambition claire : la reconstruction par le faire-ensemble.

C’est peut-être là l’avenir des politiques de santé mentale : non plus soigner contre la société, mais se reconstruire dans la société, avec elle.

Retrouver sa place : pourquoi la participation est plus qu’un mot

On en parle souvent comme d’un slogan : participation. C’est dans les lois, dans les discours officiels, dans les plaquettes d’institutions. Mais derrière ce mot galvaudé, il y a un besoin fondamental, presque vital : celui d’exister pour de vraidans la société.

Quand on parle d’inclusion, notamment pour les personnes en situation de handicap psychique, il ne s’agit pas seulement d’accéder à des droits ou à des soins. Il s’agit de retrouver un pouvoir d’agir, c’est-à-dire de pouvoir peser, contribuer, être reconnu.

Participer, ça veut dire quoi exactement ?

La philosophe Joëlle Zask propose une définition en trois temps qui mérite qu’on s’y attarde :

  • Prendre part : être là, être inclus dans un collectif
  • Apporter une part : contribuer avec ce qu’on est, ce qu’on sait faire
  • Recevoir une part : bénéficier en retour, être reconnu, valorisé

Sans équilibre entre ces trois dimensions, la participation devient un mot creux. Elle se transforme en façade, parfois en simple mascarade. Dans certaines institutions, on donne la parole aux usagers, mais sans leur permettre d’influencer les décisions. Résultat : frustration, désillusion, et impression d’être utilisé.

Zask le dit sans détour : quand participer revient à légitimer un dispositif déjà figé, ce n’est plus de la démocratie. C’est une mise en scène.

Le piège de la fausse participation

Yann Le Bossé, psychosociologue québécois, va encore plus loin. Il rappelle que participer n’est pas une vertu en soi. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les collaborateurs participaient aussi – au pire.

Ce qui compte, ce n’est donc pas juste prendre part, mais comment et pour quoi on participe.

Suzan Rifkin a d’ailleurs proposé une échelle des formes de participation, qui va de la simple présence symbolique jusqu’à la co-construction réelle des décisions. Et souvent, on reste en bas de l’échelle.

La participation, levier de puissance personnelle

Mais pourquoi insiste-t-on autant sur ce concept ?

Parce que le fait de pouvoir agir sur son environnement est essentiel à l’équilibre mental. Hannah Arendt l’avait déjà théorisé : seuls ceux qui participent à la régulation du monde social sont réellement des citoyens. Paul Ricœur ajoute une dimension existentielle : notre dignité passe par notre capacité à agir, à être reconnu dans ce que nous faisons.

Si je n’ai pas la possibilité d’avoir un impact, je doute de ma valeur. Et ce doute ronge. Il crée du mal-être, du retrait, du désengagement.

Or, c’est précisément ce que vivent nombre de personnes en situation de handicap psychique. Elles sont là, mais sans prise. On leur parle de soins, rarement de contribution. On les encadre, rarement on les inclut vraiment.

Plus qu’un concept : un besoin vital

C’est pourquoi la participation ne doit pas être pensée comme un simple outil d’animation ou de concertation. C’est un besoin humain fondamental. Participer, c’est se sentir utile. C’est savoir que ce qu’on fait a un poids. C’est ne plus être transparent.

Et dans le champ de la santé mentale, c’est un levier majeur de rétablissement. Car la santé, ce n’est pas juste l’absence de symptôme : c’est la capacité de mener une vie qui a du sens.

Un droit invisible : pourquoi l’emploi reste inaccessible aux personnes concernées par un handicap psychique

L’exclusion professionnelle des personnes concernées par un handicap psychique reste massive

Peut-on encore parler d’un véritable droit au travail lorsque tant de personnes sont laissées sur le bord du chemin ?

Les données sont sans appel. D’après le rapport de l’IGAS (2019-2020), les personnes vivant avec un handicap psychique ont un risque de chômage six à sept fois supérieur à la moyenne. Ce chiffre, à lui seul, interroge la portée réelle des politiques d’inclusion.

Et il ne s’agit pas d’une minorité marginale : selon l’OCDE, un adulte sur cinq en âge de travailler vit avec un trouble mental. Pourtant, le monde du travail continue, dans bien des cas, de les ignorer, de les exclure ou de les rendre invisibles.

Cela, alors même que bon nombre d’entre eux sont compétents, formés, motivés — mais que leur environnement professionnel, lui, ne l’est pas.

Le handicap psychique : un impensé des politiques d’emploi

Quelques chiffres suffisent à illustrer l’ampleur du phénomène :

  • Les troubles psychiques représentent le premier motif d’attribution de l’AAH ;
  • Ils concernent 25 % des bénéficiaires de l’AAH ;
  • Et 59 % des personnes concernées obtiennent une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé).

Ces chiffres confirment deux choses : d’une part, l’ampleur de ce handicap dans la population active, d’autre part, le décalage entre reconnaissance administrative et inclusion professionnelle effective.

Ce qui bloque vraiment : un stigmate social bien ancré

Si le droit est inscrit dans les lois, pourquoi son application concrète est-elle si difficile ?
L’hypothèse centrale défendue ici est claire :

Le principal verrou, ce n’est pas la loi. C’est la représentation sociale du handicap psychique.

Autrement dit : la manière dont la société perçoit (ou redoute) la santé mentale dans le monde du travail.
Ce stigmate agit à plusieurs niveaux, parfois de façon inconsciente :

  • Les employeurs qui n’osent pas ;
  • Les professionnels de l’insertion qui “n’y croient pas vraiment” ;
  • Et les personnes concernées elles-mêmes, qui doutent, s’autocensurent, finissent par se retirer.

Comprendre le stigmate : une blessure invisible mais bien réelle

Le sociologue Erving Goffman, dans son ouvrage fondateur Stigmate (1963), nous rappelle l’origine du mot : chez les Grecs, il désignait une marque d’infamie, gravée dans la chair.

Aujourd’hui, le stigmate n’est plus visible. Mais il laisse des traces :

  • Dans les silences gênés en entretien d’embauche,
  • Dans les projets professionnels édulcorés,
  • Dans les trajectoires systématiquement arrêtées “par précaution”.

Goffman distingue trois types de stigmates :

  1. Les anomalies physiques ;
  2. Les “tares du caractère” (où se situe le handicap psychique) ;
  3. Les stigmates dits “tribaux” (origine, croyance, etc.).

C’est ce deuxième stigmate qui pèse sur les personnes vivant avec un trouble psychique : on ne leur reproche pas ce qu’elles ont, mais ce que la société croit qu’elles sont.

Instables. Irrationnelles. Inemployables.

Le fardeau intérieur : quand le stigmate s’infiltre partout

Le plus insidieux, c’est que ce regard social devient intégré :

  • Les employeurs évitent, par peur des complications ;Les structures d’accompagnement limitent les ambitions, “par réalisme” ;Les personnes concernées, usées par les refus, finissent par croire qu’elles ne peuvent pas.

  • Résultat :Le droit est là. Les dispositifs existent.Mais la porte reste fermée, non pas par les textes, mais par les imaginaires.

Travail et santé mentale : un chantier avant tout culturel

Pour rendre effectif ce droit au travail, changer les représentations est devenu indispensable.

  • Il ne suffit plus d’ajouter des places : il faut rendre ces places désirables, accessibles, légitimes.
  • Il ne suffit plus d’adapter les postes : il faut transformer les conditions de travail, pour tous.
  • Il ne suffit plus de parler d’insertion : il faut redonner à chacun le droit d’avoir une trajectoire.

Parce que tant que le regard ne change pas, aucune loi ne pourra suffire.
Et parce que travail et santé mentale doivent enfin cesser d’être des réalités incompatibles.

Travailler pour aller mieux : le rôle vital de l’emploi dans le rétablissement psychique

Et si le travail n’était pas seulement un revenu, mais un moteur de santé mentale ?

Ceux qui vivent avec un trouble psychique le savent : le travail peut faire toute la différence. Non pas comme une injonction à la performance, mais comme un levier d’ancrage, de dignité, de reconstruction. Pour les chercheurs et praticiens spécialisés, l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap psychique est aujourd’hui reconnue comme une composante majeure du processus de rétablissement.

Un marqueur de normalité… et bien plus encore

Selon Bernard Pachoud et Marc Corbièrel’emploi joue un rôle essentiel dans la lutte contre les stigmates, en donnant aux personnes concernées un sentiment d’appartenance, de compétence et de reconnaissance. Il ne s’agit pas seulement de gagner sa vie, mais de retrouver une place dans la société.

Ils identifient plusieurs bénéfices majeurs de l’activité professionnelle :
✔️ Se sentir utile et valorisé,
✔️ Reprendre confiance en soi,
✔️ Structurer ses journées autour de rythmes sociaux partagés,
✔️ Se concentrer sur une tâche, ce qui aide à mieux gérer les troubles,
✔️ Accéder à plus d’autonomie (y compris financière).

Et si l’écart entre certains revenus d’insertion (comme l’AAH) et ceux d’un emploi à temps partiel est parfois mince, la motivation ne se limite pas à l’argent : elle repose d’abord sur le sens, l’utilité et la dignité retrouvée.

« Ces bénéfices sous-tendent en partie leur motivation intrinsèque, parfois plus que les revenus attendus. »
— Franck, 2018

Un lieu de socialisation, de repères, de participation

Claire Le Roy-Hatala et Denis Leguay vont dans le même sens. Pour eux, le travail est un vecteur central d’identité sociale. Il permet de se reconnecter à une dynamique collective, de retrouver des interactions positives, et de sortir de l’isolement qui fragilise tant.

« Le travail est le lieu de l’identité sociale, si déterminante pour la construction de l’estime de soi et la reprise de confiance. »
— Le Roy-Hatala & Leguay, 2013

Même pour des personnes très éloignées de l’emploi, le désir de retravailler reste souvent intact. Ce besoin d’utilité sociale, de participation, est profondément humain. Il constitue un socle pour se projeter, construire un projet de vie, s’émanciper.

La parole des premiers concernés

Les témoignages ne manquent pas pour illustrer ce besoin d’utilité.
Dans la presse, dans les Clubhouses, ou dans les entretiens de terrain, les personnes concernées le disent avec des mots simples mais puissants :

« Ne pas travailler était une des raisons pour lesquelles je n’allais pas bien. Je m’épanouis dans le travail. Mon seul souhait : me rendre utile. »
— Frédéric Laurent, schizophrène, L’Est Républicain

« Ce travail me permet de me fixer chaque jour des objectifs, et de me sentir utile à la société. »
— Aude Morterol, ancienne institutrice, Le Parisien Économie

« Le Clubhouse aide à relever le défi du rétablissement en s’impliquant dans le lieu, ce qui donne un sentiment d’utilité. »
— Le Monde

Ces paroles font écho à un constat largement partagé dans les milieux du soin, du social et de la recherche : le sentiment d’utilité est un levier de santé mentale.

L’OMS confirme : le travail protège la santé mentale

Dans un article de synthèse sur la santé mentale au travail, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme sans ambiguïté :

« Le travail peut protéger la santé mentale. »

Elle identifie quatre effets majeurs du travail :
✅ Il fournit un moyen de subsistance,
✅ Il donne un but, une confiance en soi, un sentiment d’accomplissement,
✅ Il crée des relations positives et une appartenance communautaire,
✅ Il définit un cadre structurant au quotidien.

Et plus encore, un travail “décent” peut favoriser le rétablissement, renforcer les compétences sociales, et favoriser l’inclusion.

Mais à l’inverse, l’absence de soutien, l’isolement, ou des conditions de travail délétères peuvent aggraver les troubles, nuire à la motivation, et devenir un frein à l’insertion.

Le travail comme soin

Dans cette perspective, le travail ne doit pas être vu comme un objectif final, mais comme un outil thérapeutique à part entière. Un espace de rééducation à la vie sociale, de reprise de confiance, de reconstruction de soi.

Ce que l’on observe, dans les structures les plus innovantes, c’est que le travail bien accompagné peut devenir une véritable thérapie active :
👉 Il donne du rythme,
👉 Il crée du lien,
👉 Il mobilise les ressources,
👉 Il redonne de la valeur à l’expérience vécue.

Travailler pour ne pas sombrer. Travailler pour renaître.

Les personnes en situation de handicap psychique ne demandent pas la charité.
Elles demandent une chance réelle de participer.

Et à travers cette participation, de retrouver ce que la maladie a parfois mis en pause : leur puissance d’agir, leur utilité sociale, leur dignité.

Soigner sans enfermer : vers un nouveau modèle du soin en santé mentale

Du secteur psychiatrique à la réinsertion professionnelle : quand le soin se déplace dans la vie

Le soin en santé mentale n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a un siècle. Longtemps, on enfermait pour soigner. Aujourd’hui, on soigne pour réinsérer, en plaçant la personne au cœur de son environnement social. C’est ce basculement que raconte l’histoire de la psychiatrie moderne — une histoire à la fois politique, institutionnelle et profondément humaine.

1960 : la naissance du « secteur »

Tout commence avec une circulaire de 1960 qui crée ce que l’on appelle encore aujourd’hui le secteur psychiatrique. Chaque département est découpé en sous-secteurs, rattachés à un hôpital psychiatrique de référence. Mais l’innovation n’est pas géographique : elle est philosophique.

Comme l’explique le psychologue Joseph Mornet, l’idée n’est plus d’isoler le malade dans l’hôpital… mais de déplacer l’hôpital vers la vie du malade.

« Le soin sort de l’asile. Il va à la rencontre de la personne, là où elle vit. »
— Joseph Mornet

Ce changement de paradigme marque le début de la désinstitutionalisation en France, une tendance partagée par de nombreux pays européens sous l’égide de l’OMS.

Mais la France reste prudente : contrairement à l’Italie ou au Royaume-Uni, elle ne ferme pas ses asiles. L’influence des mouvements radicaux comme l’antipsychiatrie, portée notamment par Franco Basaglia, y reste plus marginale.

Pour Basaglia, la folie est d’abord un produit de l’exclusion sociale, et le soin ne peut consister qu’en une réhabilitation économique et communautaire de la personne. Il ira jusqu’à dire :

« Il faut détruire l’hôpital. Le malade doit être soigné sur le lieu de sa souffrance : à la maison, à l’usine, à l’école. »

Moins de lits, plus de territoire

Cette volonté de soigner autrement s’est traduite, au fil des décennies, par une réduction massive du nombre de lits en psychiatrie publique. Un rapport de l’IGAS (2017) révèle que 60 % des lits ont disparu entre 1976 et 2016.
Mais ce sont surtout les lits publics qui ont diminué — tandis que le secteur privé lucratif, lui, progresse.

Ce mouvement s’est accompagné d’un changement de logique dans les politiques publiques : on ne pense plus uniquement en termes d’hospitalisation, mais en termes de territoires de santé, avec une approche globale mêlant soins, prévention et réinsertion.

Réinsertion et emploi : un nouveau défi

Cette logique de désinstitutionalisation a une conséquence directe : les personnes sortent plus vite de l’hôpital, souvent sans accompagnement suffisant, mais toujours dans le but de retrouver une vie sociale ordinaire. Cela suppose — idéalement — de retrouver une activité, si possible professionnelle.

Comme le rappellent les chercheurs Bernard Pachoud et Marc Corbièrel’emploi est devenu un levier essentiel d’insertion pour les personnes en situation de handicap psychique.

« Le raccourcissement des durées d’hospitalisation rend souhaitable la reprise d’une activité professionnelle. »
— Traité de Réhabilitation Psychosociale

Le travail est ici bien plus qu’un revenu. C’est un repère, un moyen de structuration identitaire, un vecteur d’intégration sociale.

Dans la plupart des pays occidentaux, l’insertion professionnelle des personnes souffrant de troubles psychiques persistants — comme la schizophrénie — est même devenue un objectif prioritaire des politiques de santé mentale.

Travailler pour se rétablir, et non l’inverse

Ce que cette évolution traduit, c’est une nouvelle conception du soin.
Soigner ne signifie plus « protéger du monde », mais permettre à la personne de retrouver une place dans la société — avec ses difficultés, ses forces, ses espoirs.

Et dans cette société, le travail reste un pilier fondamental :
👉 Il structure les journées,
👉 Il donne un statut,
👉 Il crée du lien,
👉 Il restaure l’estime de soi.

C’est pourquoi, aujourd’hui, le soin et le travail ne doivent plus être pensés séparément. Ils sont les deux faces d’un même projet : la reconstruction d’un parcours de vie digne et choisi.

Quand la santé mentale devient un handicap : travailler malgré tout ?

Et si le travail était à la fois un levier de guérison… et un facteur d’exclusion ?

On parle beaucoup de santé mentale aujourd’hui, mais plus rarement de handicap psychique. Pourtant, derrière ce terme se cachent des réalités bien concrètes : des personnes qui vivent avec des troubles mentaux durables, souvent invisibles, parfois invalidants, et qui doivent malgré tout trouver leur place dans un monde du travail peu adapté à leur fragilité.

Le psychologue Sébastien Muller, spécialiste du sujet, revient dans son ouvrage Comprendre le handicap psychique sur l’évolution de cette notion récente – à la fois politique, sociale et médicale.

Le handicap psychique : une reconnaissance tardive mais essentielle

Ce n’est qu’en 2005, avec la loi sur le handicap, que la France reconnaît officiellement le handicap psychique comme une catégorie à part entière.
Jusque-là, les troubles mentaux étaient soit médicalisés dans le champ de la psychiatrie, soit totalement invisibilisés dans les politiques sociales.

Cette reconnaissance marque un tournant historique : on admet enfin que les troubles psychiques peuvent engendrer des incapacités durablesfluctuantes et handicapantes dans la vie quotidienne — y compris au travail.

Le handicap psychique, ce n’est pas “être fou”.
C’est vivre avec une souffrance mentale qui altère durablement les capacités d’agir, d’interagir, de s’insérer.

Et cette reconnaissance a aussi permis l’émergence de dispositifs spécifiques d’accompagnement, dans les secteurs du médico-social, de l’emploi ou de la formation.

Santé mentale : de la psychiatrie à l’empowerment

En parallèle, un autre glissement sémantique s’est opéré : on parle de plus en plus de santé mentale, plutôt que de maladie mentale.

Ce changement de vocabulaire n’est pas anodin. Il marque une volonté de dé-stigmatiser, mais aussi de réhumaniser la question : on passe d’une vision purement pathologique à une conception globale, dynamique et inclusive de l’équilibre psychique.

En 2001, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) propose une définition encore largement reprise :

« La santé mentale est un état de bien-être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux, et contribuer à la vie de sa communauté. »

Cette définition dit quelque chose de fort : travailler et contribuer à la société sont considérés comme des marqueurs essentiels de la santé mentale.

La version plus récente de cette définition ajoute d’autres dimensions :
👉 La capacité à décider pour soi,
👉 Le pouvoir d’agir (empowerment),
👉 La possibilité de construire activement sa vie.

Mais elle conserve une idée centrale : la santé mentale passe par la possibilité de bien travailler et de bien vivre avec les autres.

Travailler avec un trouble psychique : mission impossible ?

Dès lors, un paradoxe se dessine :

  • Le travail est essentiel à la santé mentale (il structure, valorise, socialise).
  • Mais il peut aussi être source de stress, d’exclusion, ou d’effondrement, surtout pour les personnes psychiquement fragiles.

Alors comment faire ?

Reconnaître le handicap psychique permet justement d’adapter l’environnement au lieu d’exiger que la personne “tienne le coup”. Cela suppose :
✔️ Des rythmes de travail plus souples,
✔️ Des équipes formées,
✔️ Des missions valorisantes mais réalistes,
✔️ Et surtout : un regard bienveillant sur les fluctuations possibles.

Cela suppose aussi de revoir notre conception du travail : ce n’est pas parce qu’une personne est moins “productive” à certains moments qu’elle est inutile.

Le travail peut être soin, à condition d’être humain

Le handicap psychique interroge notre système tout entier :
👉 Peut-on imaginer un monde du travail plus inclusif ?
👉 Où l’on reconnaît que la santé mentale est un droit, et non une simple variable d’ajustement ?
👉 Où chacun — même fragile — peut contribuer à la société à sa manière, avec ses forces et ses limites ?

C’est peut-être l’un des enjeux les plus profonds de notre époque. Et sans doute le plus urgent.

Santé mentale et Travail.

Santé mentale et travail

Pourquoi cette série d’articles existe

Aujourd’hui, des millions de personnes souffrent en silence dans leur vie professionnelle.
Le lien entre travail et santé mentale est au cœur de cette crise silencieuse.
Certaines se sentent épuiséesvidées par une pression constante et insidieuse.
D’autres, en raison d’un trouble psychique, se heurtent à un mur d’incompréhensions et d’exclusions.

Une même question relie ces deux réalités :

Comment vivre une vie digne, utile et équilibrée lorsque le travail devient source de souffrance ?

C’est pour éclairer cette question – et apporter des éléments de réponse – que cette série d’articles a été conçue.

Ils s’appuient sur des années d’expérience de terrain, d’écoute, d’analyse sociologique et de réflexion clinique.
Mais surtout, ils s’adressent à vous, professionnel·le de santé, accompagnant·e, personne concernée ou simplement citoyen·ne engagé·e.

Deux angles. Deux réalités. Une même quête de sens.

J’ai structuré ces publications autour de deux grandes thématiques :

1. Le burn-out en population générale

Pour celles et ceux qui ne sont pas (officiellement) malades… mais qui s’éteignent à petit feu.

Nous abordons ici la surcharge mentale, l’isolement, la perte de sens au travail, les « bullshit jobs », ou encore les stratégies de suradaptation.
À la croisée de la psychologie et de la sociologie, ces articles vous aideront à mieux comprendre les mécanismes d’usure, et à amorcer un processus de reconstruction lucide et durable.

2. Le travail avec un handicap psychique

Pour les personnes vivant avec un trouble psychique, et pour celles et ceux qui les accompagnent.

Stigmatisation, perte de rôle social, sentiment d’inutilité, désaffiliation…
Ces textes traitent des obstacles à l’inclusion professionnelle, mais aussi des leviers concrets qui existent : groupes d’entraide mutuelle (GEM), modèle ClubHouse, pair-aidance, empowerment.

Une parole libre, rigoureuse et profondément humaine

Ces articles ont pour ambition de transmettre, de faire réfléchir, mais aussi de redonner de l’élan.

🧭 À celles et ceux qui cherchent à comprendre.
🔦 À celles et ceux qui accompagnent.
🧱 À tous ceux qui croient que la santé mentale est une affaire de société.

Puisque le travail fait partie de la santé mentale intégrative.

Pour aller plus loin :

🎙️ Découvrez bientôt le podcast Santé Mentale Intégrative : une approche à la fois scientifique, sociale et humaine (bientôt disponible)

📘 Téléchargez notre ebook « Tu n’es pas fatigué·e, tu t’éteins » : un guide pour comprendre, agir, et se reconstruire

Vous n’êtes pas seul·e.

Et vous n’avez pas à vous contenter de survivre.

Il est temps de comprendre ce qui vous épuise.
Et de reconstruire, à votre rythme, un quotidien qui a du sens.

Bullshit Jobs : quand on est payé à faire semblant

En 2013, Graeber écrit un simple article pour un magazine radical. Il y parle des “jobs à la con”. En quelques jours, l’article devient viral. Des millions de personnes se reconnaissent dans cette idée simple : avoir un emploi… qui ne sert à rien.

Des sondages vont rapidement confirmer son intuition :

  • En Grande-Bretagne, 37 % des personnes interrogées estiment que leur travail n’apporte rien d’important au monde.
  • Aux Pays-Bas, 40 % des travailleurs déclarent que leur job n’a aucune raison valable d’exister.

Le symptôme d’une société malade

Pour Graeber, le problème est moral autant que social.
Des millions de gens passent leur vie à faire semblant d’être utiles, alors qu’ils sentent au fond d’eux que leur travail est vide.
Et cette situation est extrêmement violente psychologiquement. Elle provoque de la honte, de la frustration, de la rage sourde.

Mais au lieu de remettre en question cette absurdité, la société réussit un tour de passe-passe cynique : elle valorise les jobs inutiles bien payés… et méprise les métiers utiles mal rémunérés.

« S’il disparaissait demain, un infirmier, un éboueur ou un mécanicien manquerait cruellement.
En revanche, on ne pleurerait pas la disparition soudaine de tous les lobbyistes ou consultants en relations publiques. »
— David Graeber, Bullshit Jobs

Job à la con ou job de merde ?

Graeber distingue deux catégories :

  • Les jobs à la con : bien payés, confortables… mais sans utilité réelle.
  • Les jobs de merde : mal payés, pénibles… mais essentiels à la société.

Le point commun entre les deux ? La souffrance.
Mais la différence majeure, c’est que ceux qui ont un “job de merde” savent qu’ils sont utiles. Et ça change tout.

Le fil rouge : l’utilité perçue = le sens vécu

Que ce soit chez Stiegler ou Graeber, le sentiment d’utilité est la clé du sens.
On ne souffre pas tant parce qu’on travaille dur… mais parce qu’on ne comprend plus pourquoi on travaille.

Le pire, disait Dostoïevski, ce n’est pas le travail pénible.
C’est le travail inutile, absurde, sans but.

« « Il m’est venu un jour à l’idée que si l’on voulait réduire un homme à néant, le punir atrocement, l’écraser tellement que le meurtrier le plus endurci tremblerait lui-même devant ce châtiment et s’effrayerait d’avance, il suffirait de donner à son travail un caractère de complète inutilité, voire même d’absurdité »

Le paradoxe français

On l’a vu dans les chapitres précédents : en France, le travail est très valorisé. Il est source de reconnaissance, de socialité, de développement personnel.
Et pourtant, il devient de plus en plus vide de sens, sous l’effet des réformes managériales et de la logique néolibérale depuis les années 1980.

Ce paradoxe devient insoutenable :

  • Les Français veulent s’épanouir par leur travail,
  • Mais l’organisation actuelle du travail les prive progressivement de cette possibilité.

L’emploi prend le dessus sur le travail.
Le contrôle remplace la confiance.
L’absurde étouffe l’utile.
Et le salarié devient un employé sans vocation.

La seule issue : retrouver du sens

Revenir à un travail qui transforme.
Un travail qui fait appel à l’intelligence, à la créativité, au lien humain.
Un travail où l’on voit ce qu’on change, ce qu’on crée, ce qu’on sert.

Stiegler parlait de néguentropie : un travail qui crée du vivant.
Graeber parlait d’utilité sociale : un travail qui compte pour les autres.

C’est peut-être cela, au fond, le sens du travail :
👉 Une activité dans laquelle je me reconnais,
👉 Qui a un impact,
👉 Et qui fait du bien autour de moi.